exposition "150 ans d'école publique" à sainte-Hélène

A2PL a eu le plaisir de présenter dans la commune de Sainte-Hélène, du 3 au 11 octobre 2015, l’exposition créée en 2014 sur le thème « 150 ans d’école publique », que nous déclinons peu à peu dans toute l’étendue du pays landescot.

L’EXPOSITION 150 ANS D’ÉCOLE PUBLIQUE A SAINTE-HÉLÈNE A PRIS FIN

Nous remercions une nouvelle fois M. le Maire de Sainte-Hélène Allain Camedescasse, l’adjointe en charge de la culture, Marie-Jacqueline Pin, ainsi que les employés et bénévoles de la bibliothèque communale, pour avoir accueilli cette exposition, présentée dans l’enceinte de l’ancienne mairie-école, entre les murs de la salle qui fut autrefois l’école des filles.

L’exposition s’était enrichie à cette occasion de 12 nouveaux panneaux entièrement consacrés à l’histoire de Sainte-Hélène au XIXe et au début du XXe siècle. A travers l’histoire de l’instruction publique, nous avons pu mettre en valeur différents faits et les mettre en rapport avec la situation étudiée en 2014 à Lacanau : l’antériorité de l’instruction, due à la présence, dès 1807, d’un instituteur qui fut également adjoint et secrétaire de la mairie, François Danduran ; le combat en faveur de la gratuité dès 1850, bien plus remarquable qu’à Lacanau, où il fallut attendre 1870 et l’impulsion donnée par Joseph de Kierzkowski ; la position centrale de Sainte-Hélène, trait d’union entre les vignobles et le bassin d’Arcachon, vivant dans la dépendance économique de Castelnau ; la dispersion de l’habitat, avec la situation particulière de l’important village de Ludée, constamment revendiqué par Brach... Et bien d’autres points encore.

Mme Cavignac

Mme Cavignac

Mais l’exposition, grâce à la grande richesse des documents figurés présents dans les fonds d’archives, permettait également de retracer les grandes lignes de l’évolution du petit bourg, qui ne groupait au XVIIIe siècle que 20 familles, et le rôle de quelques acteurs majeurs. Parmi eux, le docteur Laffont, alter ego du docteur Mauret, deux personnages auxquels A2PL s’attache en raison de leur rôle décisif dans la lutte contre les maladies endémiques de la lande, ou les membres de la dynastie Damas, riche de 4 maires qui se succèdent de père en fils de 1791 à 1909. Elle dévoilait la genèse du bâtiment, une conception du jeune Albert Courau, qui deviendra architecte départemental du Lot-et-Garonne où il a laissé de très nombreuses réalisations, et mettait en exergue quelques figures parmi les instituteurs dont la liste a été entièrement reconstituée : Fernand Goulle, de 1885 à 1907, qui nous a laissé d’intéressants témoignages sur la population landescote, ou Gilberte Cavignac, directrice de l’école des filles de 1912 à l’après-guerre, dont nous découvrions, grâce à une correspondance entièrement préservée, toute la jeunesse, avec son parcours de jeune institutrice de 19 ans. Enfin, nous étions plus que jamais sur les terres de Camille Godard, fondateur du domaine de la Providence, dont la bibliothèque subsiste, ainsi que les ouvrages d’agronomie qu’elle renfermait.

Lors de l’inauguration du samedi 3 octobre, M. le Maire de Sainte-Hélène a insisté sur l’un des aspects de l’exposition,  en rappelant l’enchaînement des grandes lois scolaires et l’évolution de la notion de mixité, sanctionnée définitivement par la loi Haby en 1975. Marc Vignau, commissaire de l’exposition, a souligné tout l’intérêt des recherches conduites par A2PL à l’échelle du territoire landescot, le mettant en regard du programme de recherche régional conduit à partir de 2010 par le CEMMC (Centre d’Etude des Mondes Moderne et Contemporain) consacré au patrimoine aquitain de l’éducation. Plus d’un visiteur s’est montré sensible au fait que 150 ans d’école..., loin de chercher à magnifier la situation, restitue au contraire la pénible évolution qu’a connue la lande, et comment, grâce aux « Hussards Noirs » de la République, le niveau moyen d’une population déshéritée a lentement progressé. Elle se veut objective et basée sur une exploitation sérieuse des sources, et celles-ci le démontrent : les apports extérieurs ont toujours joué un rôle déterminant dans l’éclosion de nouvelles mentalités.

Nous avons accueilli, entre le 6 et le 9 octobre, près de 200 enfants répartis en 7 classes, du cours élémentaire au cours moyen. Expérience toujours enrichissante, attendu le très vif intérêt manifesté par les élèves. Retenons parmi les innombrables questions posées celle de l’une des benjamines : « Comment faites-vous pour découvrir tout ce qui est écrit dans l’exposition ? » - et la réponse spontanée d’un garçonnet de sa classe : « Moi je sais ! Vous êtes plus vieux que nous, donc vous avez dû rencontrer des personnes encore plus vieilles, qui en avaient rencontré d’encore plus vieilles et vous ont tout raconté ! » : d’où un mini-débat sur la notion de mémoire orale, et même sur celle de recherche, où l’on fait « comme pour trouver les os des dinosaures », ce qui est finalement très vrai... si l’on accepte de comparer les saint-hélénois d’autrefois à des tricératops ! Pour tout cela, nous remercions vivement le directeur de l’école de Sainte-Hélène, Franck Musart, d’avoir coordonné ces visites et relayé l’information auprès des élèves et de leurs parents, dont plusieurs sont ensuite venus à la découverte de l’exposition à la sollicitation et sous la conduite des enfants.

Enfin, nos remerciements vont aux particuliers qui nous ont très aimablement confié leurs archives familiales, en amont de l’exposition ou bien au cours de celle-ci, au gré des visites. Nous avons pu dédier ainsi un panneau d’exposition à une enfant du village de Touriac, la petite Marie, fille d’Eugène Blanc, lauréate du certificat d’études en 1908, dont les devoirs éclairaient très concrètement la nature de l’enseignement dispensée aux filles : compositions, dictées, problèmes, morale, nous découvrions à travers ses écrits les jeux de cour, en nous arrêtant à l’un d’eux, le « jeu des dames », sorte de jeu de rôle au cours desquelles les fillettes singeaient les bourgeoises du village, tandis que d’autres incarnaient avec déférence leurs petites bonnes. Anecdote révélatrice de la perception que ces enfants pouvaient avoir de la microsociété très hiérarchisée qui les environnait avant 1914.

l'exposition

l'exposition

Cette exposition nous est de plus en plus demandée, y compris par des communes situées en dehors du pays landescot. Nous nous efforçons, par nos travaux de recherches, de lui donner la meilleure qualité, avec un souci constant : la richesse de son iconographie. Cela suppose du temps, de la rigueur, de se soumettre à des demandes d’autorisation, mais ce cent-cinquantenaire que nous avons improvisé s’étale sur plusieurs années, puisque les constructions scolaires, dans nos communes, se sont enchaînées tout au long de la deuxième moitié du Second Empire. Quant à l’ouvrage de synthèse qui nous est également réclamé, il ne pourra voir le jour qu’à l’achèvement des recherches, lorsque le « tour de piste » des communes landescotes sera terminé. 150 ans d’école publique est l’un des « fils rouges » qui permettent de lier entre elles l’histoire des communes pour écrire au final celle du pays.

livres de la bibliothèque Godard

livres de la bibliothèque Godard

Le 25 octobre 2015, jour du salon du livre de Sainte-Hélène, a eu lieu un dernier clin d’œil à l’exposition, dont nous représenterons quelques panneaux relatifs à l’histoire de la commune, avec la remise des diplômes du certificat d’études « 1900 » sur lequel ont peiné cette année une vingtaine de nouveaux candidats : parmi eux, un ancien directeur de l’école de Sainte-Hélène, interprète pour l’épreuve de récitation de deux rondeaux de Charles d’Orléans, qui ont tranché avec l’incontournable La Fontaine ! L’exposition reprendra la route en 2016, vers de nouveaux horizons, à la rencontre de nouveaux personnages de l’histoire du pays.

Merci à tous nos visiteurs !