Castéra 7 mars 2015

Succès de la 1ère visite-conférence 2015 au Castéra

Une cinquantaine d’inscrits, sans compter les empêchements pour 23 de nos adhérents qui auraient souhaité être parmi nous : c’est sous un soleil de printemps inespéré qu’A2PL a fait découvrir le 7 mars le château du Castéra dans le cadre du cycle Portraits de châtelaines entre lande et estuaire. La Société Archéologique & Historique du Médoc, qui tenait ce jour-là son Assemblée Générale, nous a fait le plaisir de nous rejoindre en milieu d’après-midi. Remercions également de sa présence Jean-Jacques Corsan, conseiller régional, ancien président du Pays Médoc et ancien maire de Saint-Germain-d’Esteuil, qui a excusé Anne-Marie Cocula, vice-présidente du Conseil Régional, professeur émérite et présidente honoraire de l’université de Bordeaux III, grande spécialiste de Montaigne et d’Etienne de La Boétie qui hantèrent les murs du Castéra. Mme la Députée Pascale Got, fidèle aux évènements de l’association, était cette fois retenue par ses obligations.

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  Une visite des lieux en profondeur, sous la conduite des deux directeurs du domaine, Philippe Grynfeltt et Jean-Pierre Darmuzey, a permis de découvrir toute l’ampleur des restaurations menées depuis 25 ans. Avec un point d’orgue : l’aménagement des quatre étages de la fière Tour anglaise, retraçant plusieurs siècles d’histoire, grâce à des documents conservés sur site ou reproduits aux Archives départementales de la Gironde, de l’époque de Thomas de Montaigne à celle des marquis de Verthamon. Un exemple de ce que peut offrir le mariage des différentes formes de tourisme, vitivinicole, culturel et patrimonial, que le Médoc doit développer avec le 21e siècle.

La terre du Castéra est restée aux mains de familles alliées, Joly, Constantin, Verthamon, de 1625 à 1900 : 275 ans d’héritage. La conférence consacrée à Marianne de Verthamon, passée de l’obscurité à la lumière par le jeu du destin, et justement appelée ici « la fondatrice », a permis de plonger dans l’histoire de cette famille tentaculaire, maîtresse d’une partie du pays landescot au moment de la Révolution. Depuis son berceau du Limousin, ce clan très organisé, qui connaît à partir du 17e siècle une ascension sociale fulgurante, est un véritable réseau d’évêques et de magistrats qui s’épaulent mutuellement dans la course aux honneurs, d’acquisitions de seigneuries en unions fructueuses savamment calculées.

Tout cela a permis de comprendre qui était réellement Martial de Verthamon, le dernier baron de Lacanau : non pas un hobereau local, mais un puissant aristocrate directement issu de la noblesse de robe, outrageusement riche, qui sur la route de Paris pouvait faire halte dans ses domaines de Saintonge et du Vendômois. La lettre de Guillaume Dufourg, son représentant local, exposant un jour de 1772 qu’il enfourche son cheval pour aller rendre ses comptes au Castéra, démontre à elle seule que ce château est devenu, parce que Marianne l’a voulu, le fleuron et le « centre administratif » des terres médocaines de la famille.

Nous retiendrons l’épisode grandiloquent des funérailles d’Henri de Verthamon en 1871, et son inhumation, le récit laissé par son ami Emmanuel du Périer de Larsan en fait maintenant la preuve, dans la petite chapelle du Castéra ; mais aussi le témoignage de Reinhold Dezeimeris sur la dispersion tragique, en 1903, de la bibliothèque et de la collection de portraits que conservait le château ; et bien sûr, le mariage « marathon » de Marianne, sacrifiée, en tant que femme, aux intérêts du groupe familial, mais qui n’hésita pas à poursuivre la mission qu’on lui confiait : embellir encore le lustre des Verthamon. Merci au conseiller scientifique d’A2PL, Marc Vignau, qui en nous livrant le fruit de ses travaux nous a fait toucher du doigt la multiplicité des sources, leur dispersion, le rôle déterminant des conservateurs dans la sauvegarde et le traitement des fonds d’archives, et toute la complexité de la recherche historique.

Le buffet préparé par le pâtissier-traiteur de Lesparre, dont l’enseigne, c’est un clin d’œil, n’est autre que La Marquisette, a été servi dans la galerie du château, offrant un moment de convivialité qui s’est poursuivi jusqu’à la tombée de la nuit, non sans déguster un millésime 2004 sorti des caves de la propriété. Philippe Grynfeltt, qui a transmis aux visiteurs sa passion pour le domaine et son architecture, a tenu à souligner combien le Castéra d’aujourd’hui était l’œuvre des Verthamon, et en quoi la conférence, qui a dévoilé de nouvelles pages de l’histoire du château, témoignait d’une belle continuité.

Encore une fois, merci à nos hôtes pour leur chaleureux accueil, et à tous nos visiteurs, amoureux du vrai patrimoine, qui participent à l’aventure A2PL.